Le Liban

 

 

L’histoire du Liban est forgée par les tensions et les guerres. L’Etat libanais, qui a bientôt cent ans, peine à trouver la bonne expression politique pour gérer sa société multireligieuse. Depuis sa création, deux Liban vivent et s’affrontent : le Liban politique et le Liban social. La problématique libanaise est celle d’un divorce entre l’Etat et la société. Une fracture capitale à saisir pour déchiffrer l’évolution tortueuse et parfois douloureuse de ce pays.

Le Liban de l'état inachevé à l'ivention d'une nation May Maalouf Monneau

Sommaire

Le Liban de l'état inachevé à l'ivention d'une nation May Maalouf Monneau
Le Liban de l'état inachevé à l'ivention d'une nation May Maalouf Monneau

Introduction 

En mars 2005, des mouvements populaires secouent la société libanaise. Une contestation de grande ampleur baptisée « printemps libanais ». Ainsi, près de cinq ans avant le début de ce qu’on a appelé le « printemps arabe », l’opinion internationale assiste au bouillonnement d’un pays avide de changement. Galvanisés, les Libanais descendent dans la rue, toutes communautés religieuses confondues, pour réclamer plus d’Etat. Plusieurs questionnements agitent aussitôt les esprits : s’agit-il d’un éveil national visant à la réalisation d’un projet intercommunautaire ? La nation libanaise va-t-elle enfin se réconcilier avec son Etat ? Ce dynamisme collectif qui a réussi pourtant à déstabiliser le gouvernement et à le mener à démissionner n’a pas pu forger une nouvelle identité politique.

Est-ce alors une occasion manquée pour refonder la charpente sociopolitique libanaise, et effectuer une transformation tellement désirée par les citoyens ? Sans doute. L’Etat libanais, qui a bientôt cent ans (il a été créé en 1920), peine à trouver la bonne expression politique pour gérer sa société multireligieuse.

L’histoire du Pays des cèdres reste forgée par les tensions et les guerres. De la crise de 1958 à l’agression de juillet 2006, en passant par la guerre de quinze ans (1975-1990), autant de tragédies gravées dans la mémoire collective libanaise. Engager un récit optimiste relèverait de la gageure. Le Liban serait-il alors un pays condamné à la violence cyclique depuis sa naissance ?