Moyen-Orient

et Maghreb

 

Si l’ordre territorial étatique est de plus en plus mis en cause par le processus de mondialisation, le désordre territorial reste bien présent et peut s’analyser. Cette publication part de l’hypothèse que le territoire est à la fois produit et producteur d’identité ; il est une nécessité première pour affirmer sa propre existence. Les sociétés sans territoire se trouvent d’emblée dans une situation conflictuelle. Ce Cahier s’articule autour des conflits frontaliers, identitaires et urbains.

Conflits et territoires au moyen orient et au Maghreb May Maalouf Monneau

Sommaire

Conflits et territoires au moyen orient et au Maghreb May Maalouf Monneau
Conflits et territoires au moyen orient et au Maghreb May Maalouf Monneau

Introduction Générale 

May Maalouf Monneau et Chantal Chanson-Jabeur

Le territoire, en tant que constituant politique, reste au centre de la réflexion sur la fabrique de l’ordre social. A l’heure où certaines analyses annoncent “la fin des territoires, il est intéressant de revenir sur cette notion et de l’analyser dans ses rapports conflictuels. Car si l’ordre territorial étatique est de plus en plus mis en cause par le processus de mondialisation, le désordre territorial reste bien présent et peut s’analyser. C’est l’objectif de ce 21° Cahier du GREMAMO qui s’articule en termes de “conflits et territoires”, observés et analysés au “Moyen-Orient et au Maghreb”.

Ces conflits éclatent sur la base de systèmes étatiques fragiles et créés, dans la plupart des cas, en fonction d’anciennes frontières coloniales. Si, en Occident, le territoire a profité d’une relative stabilité, définie dans les limites générées par le système d’Etat-nation, d’autres espaces territoriaux, notamment dans les pays en voie de développement, n’ont pas bénéficié d’une telle stabilité. Un peu partout. des conflits internes éclatent. Ces conflits montrent que la division du territoire n’est pas définitivement acquise, et ce, même si les institutions onusiennes ont retenu le principe de l’intangibilité des frontières, notamment après les décolonisations.

Pris dans ce sens, le territoire se trouve chargé de sens identitaire, avec tout ce que la notion d’identité implique comme dimension culturelle et/ou religieuse. Il est aussi lié à la notion d’Etat-nation. Ce n’est pas étonnant donc, que ce soit là où l’Etat-nation est défaillant que l’on voit cette fièvre identitaire se révéler. Derrière ces expressions identitaires, se cachent des sociétés en crise. Le propre de la revendication identitaire, c’est qu’elle se nourrit du malaise de l’Etat-nation. Un malaise, se traduisant souvent sous forme de conflits à l’intérieur d’un même territoire que nous tenterons d’analyser à travers le cas de certains pays du Moyen-Orient et du Maghreb.

Plutôt que d’évoquer le « réveil » des identités dans ces pays, ou le “réveil” des religions, nous partons de la question suivante: les crises de société

pourront-elles recevoir des solutions tant qu’elles ne seront pas comprises comme autant de crises de territoire ?

 

Cette publication part de l’hypothèse que le territoire est à la fois produit et producteur d’identité. Il est dans l’ordre qui gère la vie politique des sociétés d’aujourd’hui et est une nécessité première pour affirmer sa propre identité, voire sa propre existence. Dans ce sens, ne pas avoir de territoire, c’est risquer de disparaître. Notre examen du territoire dans un contexte conflictuel, fait de lui une donnée indépassable.